L’idée derrière cette publication est de mettre en garde le lecteur sur l’application de principes tout faits en matière de politique tarifaire. Il convient de réfléchir au-delà des simples énoncés théoriques qui fonctionnent, mais dans des conditions bien précises que l’on peut être amenées à oublier !
Baisser ses prix, c’est :
Augmenter sa part de marché
En théorie oui. En se référant aux modèles stratégiques classiques. Mais dans la pratique, les choses ne sont pas aussi mécaniques. Certains effets et risques sont à étudier de près.
Par exemple, une telle politique a tendance à attirer une clientèle « chasseuse de prix » qui vous quittera dès qu’un concurrent fera mieux ! Justement, l’un des effets potentiels les plus dévastateurs est la réaction de la concurrence. Avec un mouvement tarifaire brusque, une guerre des prix se profile dangereusement. Le résultat de cette stratégie risque fort de se terminer par les mêmes volumes vendus (au mieux), mais à des tarifs plus bas, nettement plus bas…
Une autre conséquence est la mise en concurrence là où vous ne vous y attendiez pas. Notamment avec vos clients courants. Qu’allez-vous faire avec eux ? Baisser leurs conditions tarifaires et perdre ainsi en rentabilité et crédibilité ? Conserver les mêmes conditions commerciales avec le risque de les voir partir le jour où ils apprendront que le petit voisin, nouveau client, paie vos produits 30% moins cher ?
Ces quelques exemples montrent que s’engager dans une politique de baisse de prix peut peser négativement sur sa part de marché. Un effet obtenu contraire à l’objectif initial !
Devenir concurrentiel
Revoir ses conditions tarifaires à la baisse, c’est en quelque sorte avouer à ses clients et prospects que ses autres arguments ne sont plus aussi forts. Alors, certainement, vous allez gagner quelques marchés à court terme, mais en parallèle, votre position concurrentielle va s’affaiblir, car votre offre ne se différenciera plus vraiment des autres compétiteurs.
Si la qualité est votre critère distinctif principal, baisser les prix peut brouiller votre image.
La baisse des prix n’est pas une solution miracle pour rattraper une stratégie commerciale vacillante.
Aider les commerciaux
Lorsque votre seul argument est le prix, la négociation devient difficile. Pensez-vous vraiment que vos commerciaux soient satisfaits de se retrouver impliqués dans une guerre tarifaire impliquant des baisses successives qui viennent rogner leur (votre) marge ? Et leurs primes ?!
Si ce sont vos vendeurs qui sont demandeurs d’une baisse tarifaire, le risque est qu’ils survendent le prix au détriment des autres arguments. Encore une fois, votre position concurrentielle en pâtira à plus ou moins long terme.
Consulter notre méthode pour fixer ses prix de vente
Augmenter ses prix, c’est :
Perdre des clients
Oui. Si vous faites + 50%, certains risquent fort de passer à la concurrence. En revanche, avec une augmentation de prix modérée, si vos clients sont fidèles et satisfaits de vos services, vont-ils vraiment prendre le risque de passer à la concurrence ? Un risque accru en matière de relations commerciales B to B…
Augmenter son bénéfice
Il s’agit du contre-argument de la proposition précédente. Augmenter déraisonnablement ses tarifs risque fortement de faire chuter les volumes vendus. Ce que vous gagnez d’un côté, vous le perdez de l’autre. Avec une mise en garde, si vous êtes fabricant, la baisse des volumes aura des conséquences sur vos coûts de production : des tarifs d’achat en hausse, car moins de remises quantitatives, une surcapacité de production, etc.
Valoriser son produit
Si votre produit est de qualité moyenne, vous avez beau pousser vos tarifs à la hausse, il restera dans la tête des consommateurs un produit moyen. Un prix plus élevé ne le fera pas forcément monter en gamme. En revanche, le risque est de vendre moins : pour quelle raison un acheteur dépensera-t-il plus pour un produit qui ne le vaut pas ? Ce qui compte au final est le rapport valeur perçue/coût.
Sélectionner sa clientèle
C’est un complément du raccourci précédent. Encore faut-il disposer d’une offre qui permette de sélectionner ses clients. Cette stratégie sous-entend une orientation vers le moyen/haut de gamme. Vos produits et services doivent être à la hauteur !
Aller à la faillite
Encore une fois, tout est question d’équilibre et de mesure. Si votre offre tolère une augmentation de tarif, car vos produits et services possèdent des avantages concurrentiels forts au-delà des considérations tarifaires, et que le marché le permette, vous avez potentiellement une marge de manœuvre…
Le but de ce billet n’est pas de dénoncer les grands principes acquis dans les écoles de management, mais plutôt avertir sur les raccourcis que l’on peut faire en décidant sans prendre en compte tous les éléments de contexte : sa stratégie, son offre, la concurrence, les attentes des clients, son prix de revient et sa structure de coût, etc.
Baisser ou augmenter ses prix peut se révéler être une stratégie payante à partir du moment où une réflexion stratégique approfondie et contextuelle vient valider l’option retenue.