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La productivité : définitions, interprétation et utilisation

La notion de productivité est très employée en micro et macroéconomie. Elle revêt plusieurs dimensions et a une influence sur la compétitivité des entreprises, la croissance économique et la rentabilité des entreprises. Il convient néanmoins de distinguer ces différentes notions et évaluer le réel impact des gains de productivité sur l’ensemble de l’économie.

Rédigé par Mickaël Le Bour - Mis à jour le 09/02/2023

Les différentes notions de productivité

Définition générale de la productivité

Calculer la productivité permet de chiffrer l’efficacité avec laquelle l’entreprise transforme les ressources en produits et services. La hausse de la productivité peut être le fruit d’améliorations technologiques, d’économies d’échelle par l’augmentation de la taille des équipements ou des établissements ou encore de changements organisationnels.

L’évolution de la productivité dépend donc de l’utilisation efficiente des moyens de production.

De manière générale, la productivité est le rapport entre la production réalisée (biens et services) et l’ensemble ou une partie des ressources utilisées pour la réaliser. Ces ressources, ou facteurs de production sont le travail, le capital, les matières premières, l’énergie, etc.

Productivité totale ou productivité globale des facteurs = production/ressources utilisées

La productivité du capital est le rapport entre la quantité produite et la quantité de capital utilisé. On utilise aussi les notions de valeur ajoutée et de capital fixe pour l’évaluer. La valeur ajoutée est le chiffre d’affaires moins les consommations intermédiaires. Le capital fixe est constitué par les investissements.

Productivité du capital = valeur ajoutée/capital fixe.

La productivité du travail, quant à elle, se calcule par le rapport entre la quantité produite et la quantité de travail utilisé. Elle peut être évaluée par heure ou par « tête » (nombre de salariés).

Productivité par heure = valeur ajoutée/nombre d’heures travaillées

Productivité par tête = valeur ajoutée/nombre de salariés

Ces deux notions sont complémentaires. Le nombre de salariés et d’heures travaillées peut varier fortement dans le temps. La productivité par salarié permet de corriger la variation de la durée du travail sur l’année. À L’inverse, la productivité horaire corrige l’évolution du nombre de salariés.

Productivité et production

Bien que liées, ces deux notions recouvrent des dimensions différentes. Il est ainsi possible de réaliser une augmentation de la productivité sans accroître le volume de la production. Il sera constaté une amélioration de la productivité si les ressources sont employées plus efficacement :

  • La production augmente plus rapidement que les intrants.
  • La production se maintient au même niveau avec une utilisation moins importante d’intrants

La mesure de la productivité

Le calcul de la productivité peut prendre en compte tous les facteurs de production ou un seul. Le premier calcul est dit multifactoriel. Concernant le deuxième, on parle de mesure partielle.

Outre la productivité du travail, qui est très utilisée, d’autres mesures partielles existent comme la production par unité de service du capital, par unité d’énergie, etc.

Le calcul de la productivité multifactorielle est plus complexe à réaliser. Elle nécessite des données précises sur le volume et la valeur des intrants. On peut aussi utiliser une méthode d’agrégation des intrants dans un indice unique.

Productivité : interprétation et utilisation de la notion

Définition de la productivité

Productivité et compétitivité

Il convient de ne pas confondre ces deux notions. Des gains de productivité se traduisent par une diminution des coûts de production et permettent de vendre plus de produits ou de prestations à meilleur prix. Autrement dit, la productivité est un moyen d’augmenter la compétitivité d’une entreprise. Toutefois, cette dernière repose aussi sur la relation qui existe entre productivité et prix des ressources utilisées.

La productivité et la compétitivité sont dès lors utilisées dans le calcul du coût unitaire de production. Il s’agit du ratio du prix des ressources employées pour produire divisé par la productivité multifactorielle. La mesure de la compétitivité la plus connue est celle du coût unitaire de main-d’œuvre (voir les SIG). Elle évalue notamment l’impact des augmentations de coûts de main-d’œuvre sur la compétitivité des entreprises. 

Le ratio se calcule comme suit :

Coût unitaire de main-d’œuvre = rémunération horaire/productivité du travail

Le coût unitaire de main-d’œuvre s’appréciera quand la rémunération horaire augmentera à un rythme plus élevé que la productivité du travail. Si la productivité du travail évolue dans les mêmes proportions que le taux de salaire, la pression à la hausse sur les coûts d’une entreprise sera moindre à partir de sa main-d’œuvre. Dès lors, il est possible d’évaluer la compétitivité d’une entreprise en comparant ses coûts unitaires avec ceux de ses concurrents.

En matière de politique salariale, les augmentations de revenus n’auront qu’un faible impact sur les performances de l’entreprise si la productivité augmente dans les mêmes proportions. 

Productivité et rentabilité

Le profit est une notion comptable et est mesuré en prix courants. Il diffère de la mesure de l’efficacité des processus de production évaluée à prix constants. Il convient donc de ne pas confondre les gains de productivité et la rentabilité, cette dernière étant calculée à partir des états financiers de l’entreprise.

Autrement dit, une amélioration de la rentabilité dépend des gains de productivité, mais aussi des conséquences des variations de prix. Par exemple, une entreprise peut augmenter sa rentabilité à productivité constante si ses produits sont vendus plus cher. 

La productivité, facteur de croissance économique

Les gains de productivité permettent d’avoir un impact sur les salaires et la rentabilité des projets, ce qui permet d’accroître l’investissement et l’emploi. À l’échelle d’un pays, la croissance se décompose en deux éléments principaux : l’emploi et son évolution (qui dépend du taux d’emploi et de la dynamique démographique), d’une part, et la productivité, d’autre part.  Il s’agit là d’indicateurs essentiels en macroéconomie.

Les facteurs ayant un impact sur la productivité

Ces derniers sont nombreux. Il s’agit notamment de :

  • La qualité et l’accès aux ressources naturelles : une entreprise ou un pays sera avantagé s’il est proche de ressources naturelles. Cela permet, par exemple, de réaliser des économies en termes de transport. Par ailleurs, le niveau d’investissement dans les infrastructures et leur qualité sont des données importantes en matière de politique économique d’un pays.
  • Le capital investi. La productivité dépend en grande partie du niveau et de la qualité des équipements. Quand ces derniers sont à la pointe de l’innovation, l’entreprise bénéficie d’un avantage en termes de productivité et de compétitivité. Au niveau national et des entreprises, le niveau de la recherche-développement est à ce titre un critère essentiel.
  • Le facteur humain. Ce dernier dépend du nombre de collaborateurs, mais aussi de leur niveau d’éducation et d’expérience. La qualité du management, l’organisation du travail, la qualité de la formation des salariés sont des éléments déterminants.  
  • Les environnements macroéconomique et microéconomique  auront des conséquences directes sur la capacité à vendre les produits et des prestations de service. Il s’agit par exemple de la réglementation et des normes applicables au secteur concerné. À ce titre, l’harmonisation des normes au niveau européen vise à atténuer les biais nationaux qui ont un impact sur la productivité et la compétitivité des entreprises au sein de l’Union.

Par conséquent, la notion de productivité a une influence sur la compétitivité des entreprises et le taux de croissance économique. À cet égard, la tendance de ces dernières décennies en matière de croissance économique, marquée par un ralentissement dans la plupart des pays industrialisés, peut s’expliquer en partie par le faible niveau des gains de productivité.

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Auteur - Mickaël Le Bour

Diplômé de l'institut d'études politiques de Bordeaux, Mickaël a rejoint le ministère des finances en 1995. Après une solide formation en comptabilité générale, il a réalisé des audits comptables et financiers sur des structures publiques et privées. Il a également travaillé sur la réglementation comptable et financière des collectivités locales et sur le projet de certification des comptes des entités publiques locales. Il a aussi participé aux travaux de transposition des normes comptables du secteur privé dans la sphère publique locale. 


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