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Escompter des créances : pourquoi ? Comment ?

Pour faire face aux manques de liquidité pesant sur votre trésorerie, l'escompte est un outil de financement à court terme qui peut vous aider dans les passes difficiles ou bien si votre activité souffre d'un manque chronique de cash. Définition et explication du principe.

Rédigé par Mickaël Le Bour - Mis à jour le 09/02/2023

Qu'est-ce que l'escompte ?

La gestion optimale de la trésorerie est une condition de survie pour de nombreuses entreprises. Il existe plusieurs solutions de financement à court terme. Il s’agit par exemple de l’escompte (ou discount en anglais). Possible selon deux modalités principales, l’escompte permet de mobiliser des créances avant leur terme. Il est dès lors utile de les distinguer des autres moyens de financement à court terme. L’entreprise doit aussi connaître les avantages et les inconvénients des différentes modalités d’escompte avant de les mettre en œuvre.

Les différentes modalités de l’escompte

Il peut être assimilé à un emprunt à court terme permettant à son bénéficiaire d’obtenir le paiement d’une facture avant sa date d’échéance. Deux types d’escomptes peuvent être recensés : 

1 - L’escompte bancaire est une cession de créances à une banque. Cette dernière accorde à l’entreprise émettrice une avance du montant de la facture en contrepartie d’une commission (frais financiers, application d’un taux d’escompte). La valeur actuelle sera donc la différence entre la valeur nominale et l’escompte.

Pour pouvoir faire l’objet d’un escompte, la dette doit être matérialisée sous la forme d’un effet de commerce. Ce dernier concerne trois acteurs : un tireur (qui émet l’ordre de payer), un tiré (qui reçoit l’ordre de payer) et un porteur (qui bénéficie du paiement).

L’effet de commerce prend la forme d’une lettre de change (également appelée traite) ou d’un billet à ordre :

  •  Le billet à ordre est réalisé par le client. Dans ce document, il s’engage à payer la créance à une date d’échéance fixée au préalable.
  •  La lettre de change est un document papier émis par le fournisseur en même temps que la facture adressée au débiteur. Ce dernier le signe et le réexpédie signifiant qu’il est d’accord pour que son compte soit débité à l’échéance convenue. La lettre de change relevée (LCR) est un document papier traité par informatique par la banque.

2 - L’escompte commercial ou de règlement se réalise de manière directe entre une entreprise et son client. Le principe est que le client accepte de régler sa facture immédiatement moyennant une remise calculée selon un taux de remise. Cette procédure ne requiert donc pas d’effet de commerce. Il permet l’encaissement anticipé de la créance, sans passer par la banque pour un coût souvent moins important.

L'escompte

L’escompte doit être distingué des autres moyens de financement à court terme

Ces autres moyens de paiement sont notamment les suivants :

  • L’affacturage. Il s’agit d’une solution proche de l’escompte qui passe par un établissement financier appelé le factor. L’entreprise cède la créance à cette société qui lui verse les fonds moyennant une commission d’affacturage. Contrairement à l’escompte, l’établissement financier se charge de recouvrer la créance. C’est donc une sécurité pour l’entreprise qui est sure d’être payée.
  • Le crédit fournisseur où l’entreprise débitrice obtient un allongement des délais de paiement. Ce moyen ne coûte rien, mais peut renvoyer une image négative de la société auprès de ses fournisseurs.
  • La cession Dailly prévoit le transfert de propriété de la facture vers une banque. Cette dernière accorde à l’entreprise une ligne de crédit à court terme avec des conditions spécifiques.
  • Une autorisation de découvert.

Les avantages de l’escompte

Concernant l’escompte commercial ou bancaire, le procédé permet d’échapper au décalage de trésorerie. En effet, il n’est pas rare qu’une entreprise soit tenue de payer ses propres fournisseurs avant d’avoir perçu le produit de la vente de ses clients. D’un autre côté, refuser d’accorder une créance client n’est pas idéal en ce qui concerne les relations commerciales.

Quand des taux avantageux ont été négociés avec le banquier, cet outil financier présente l’intérêt de la facilité et de la rapidité de mise en œuvre. Il est en général peu coûteux comparé aux agios payés en situation de découvert bancaire. De plus, les banques préfèrent ce dernier à l’octroi d’un découvert, car l’escompte présente une garantie de paiement.

De plus, lorsqu’une entreprise émet une facture, elle est contrainte d’attendre l’échéance convenue pour percevoir les fonds. L’escompte permet ainsi de réduire les délais de paiement et de percevoir l’argent plus rapidement. Il présente d’autres avantages :

  • La créance est cédée à la banque, mais l’entreprise garde sa relation commerciale avec son client ;
  • L’entreprise a le choix des effets qu’elle souhaite escompter en fonction de ses besoins ;
  • Dans la mesure où les créances ont été cédées à la banque, la capacité d’autofinancement de l’entreprise s’en trouve renforcée et le besoin en fonds de roulement réduit.
  • Les banques préfèrent escompter des effets de commerce plutôt que d’accorder un découvert. L’entreprise démontre ainsi une capacité d’anticipation par rapport à celles qui demandent un découvert en urgence. C’est un bon point en cas de demande de prêt à l’avenir.

Plus spécifiquement dans le cas d’un escompte commercial :

  • La remise accordée au client peut être assimilée à un geste commercial.
  • Pour le fournisseur, le paiement comptant lui évite le temps et le coût du recouvrement de créances impayées.

Les inconvénients

C'est un outil intéressant de financement de la trésorerie, mais comporte malgré tout quelques inconvénients

L’opération présente un coût d’escompte qui réduit la marge de l’entreprise. Il existe des situations où cette dernière ne connaît aucun problème de trésorerie et où le client est solvable. Par conséquent, il est inutile de pratiquer un taux d’escompte plus élevé que le coût du financement moyen de l’entreprise. En revanche, la trésorerie de cette dernière peut est tendue ou le client peut présenter des difficultés de solvabilité. Dans ce cas de figure, il peut être intéressant de réduire un peu sa marge tout en étant payé immédiatement.

D’autres inconvénients peuvent être cités :

  • En cas d’impayés sur un escompte bancaire, la banque peut se retourner contre l’entreprise émettrice.
  • Ce dispositif reste limité au montant de la ligne d’escompte accordé chaque année par le banquier. La ligne peut être réduite si ce dernier estime que la situation financière de l’entreprise ou de ses clients se dégrade.
  • L’escompte n’est pas accessible à toutes les entreprises. Celles qui sont en création ou en difficulté sont en général exclues du dispositif.

En pratique, l’escompte est une solution pour toutes les entreprises commerciales, de toutes tailles et ce quel que soit leur secteur d’activité. Il est fréquemment utilisé par les commerçants, entre détaillants et grossistes.

Comment escompter une créance commerciale ?

  • 1

    Le banquier achète l'effet

    Il se substitue au créancier. Il devient alors  propriétaire de la créance et de l'ensemble des droits attachés 

  • 2

    Le débiteur devra lui régler directement les sommes dues

    Le banquier se charge du recouvrement du montant de la facture

  • 3

    Le banquier paie alors le montant de l'effet à son client 

    Après avoir déduit des agios  (intérêts, frais et commissions). Ces derniers constituent sa rémunération.

 

Pour évaluer le coût de ce dispositif, vous devez vous replonger dans vos  cours de mathématiques financières  : taux d'intérêt, valeur actuelle, valeur nominale... Ces notions ne devraient plus avoir de secret pour vous.

Si vous cherchez des informations complémentaires, cette section recense plusieurs documents abordant la  mobilisation de créances .

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Auteur - Mickaël Le Bour

Diplômé de l'institut d'études politiques de Bordeaux, Mickaël a rejoint le ministère des finances en 1995. Après une solide formation en comptabilité générale, il a réalisé des audits comptables et financiers sur des structures publiques et privées. Il a également travaillé sur la réglementation comptable et financière des collectivités locales et sur le projet de certification des comptes des entités publiques locales. Il a aussi participé aux travaux de transposition des normes comptables du secteur privé dans la sphère publique locale. 


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